L'Eleuthérocoque


Un adaptogène à découvrir ou redécouvrir...


Araliacée

Racine

Voie orale



Noms latins :

ELeutherococcus senticosus (Max.) = Ancathopanax senticosus (Rupr. et Max.)

Noms français :

Eleuthérocoque

Eleuthéro

Buisson du Diable

Ginseng des pauvres

Giseng russe

Ginseng sibérien

Racine de la Taïga

Noms anglais :

Eleuthero

Siberian ginseng

Noms chinois :

Wuchaseng

Ci-Wu-Jia



Étymologie

Son nom vient du grec « Eleutheros » qui signifie : libre... Un beau programme en perspective !

Botanique

Originaire d’Asie du nord et de Russie, l'Éleuthérocoque est fréquent depuis la Sibérie orientale, aux provinces chinoises de Shanxi et Hebei, au nord du pays, à la Corée du sud et jusqu’au Japon. Parmi la trentaine d’espèces d’Eleuthérocoques existante, seules quelques-unes sont utilisées en phytothérapie. C’est le cas de l’Eleutherococcus senticosus. Il est plus répandu que ses cousins de la même famille (Panax ginseng et Panax quinquefolius) car il tolère des climats plus froids. Il peuple les forêts de feuillus et de cèdres, pousse en plaine ou en moyenne montagne.

Cet arbuste vivace aux épines acérées peut mesurer de 1.5 à 3 mètres de hauteur.

Les branches jeunes sont couvertes d'épines qui disparaissent sur les branches plus âgées, recouvertes d’une écorce grise pâle ou brunâtre.

La tige porte des feuilles caduques, alternes, composées-palmées de 3 à 5 folioles et recouvertes, sur les deux faces, par de nombreuses épines. Elles sont aussi longuement pétiolées.

Les fleurs de l'Éleuthérocoque sont petites et groupées en ombelles globuleuses terminales. Elles ont la particularité d'être de couleur différente selon leur sexe. Ainsi, les fleurs mâles sont violacées et les fleurs femelles sont plutôt jaunâtres comme celles qui sont hermaphrodites.

Les fruits de l'Éleuthérocoque sont des baies (drupes) de couleur noire et charnues contenant 5 graines.

Ses racines sont jaune grisâtres à brun clair et ridées longitudinalement.

Culture et Cueillette

Sa culture demande des sols humides et bien ensoleillés.

On récolte la racine à l'automne (plus rarement les feuilles) car c'est à ce moment que la plus grande concentration des substances actives se trouve dans les racines afin de préparer l'hiver. Tu auras donc tout intérêt à la récolter peu avant que ses feuilles ne tombent.

Pour son utilisation, la racine est séchée puis réduite en poudre.

Ne pas confondre avec Acanthopanax Gracilistylus qui a d'autres propriétés (1).

 

(1) Les professeurs Shan, Yoshita, Sugiura, Yamashita ont trouvé expérimentalement que la variété Gracilistylus agissait sur l’activité des cellules T et B en supprimant la production d’interféron-gamma et immunoglobuline, ouvrant ainsi la voie à des applications thérapeutiques dans les maladies auto-immunes et allergiques.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1905407/

Histoire

L’Éleuthérocoque fait partie des plantes les plus anciennes (environ 4000 ans) de la médecine chinoise qui fait grand usage de la famille des Araliacées.

Pour les médecins chinois, cette plante tonifie le "Qi" (1) de la rate et de l'estomac, réchauffe les reins qui aident, à leur tour, le "Yang" (2) à réchauffer la rate. Il augmente aussi, selon eux, le "Qi" du cœur et calme le "Shen" (3). Il fortifie le sang et débloque les stases. Les médecins chinois l'utilisent aussi en prévention et en tonique général.

La médecine chinoise attribue à sa racine le pouvoir d'accroître la longévité, d'améliorer l'appétit (contre l'anorexie ou en convalescence), le tonus et la mémoire et de participer à la bonne santé de l'organisme, en général.

Il est aussi utilisé pour traiter les douleurs lombaires, celles des reins et des genoux, donc, tu l'as compris, les rhumatismes en général mais aussi pour contrer la fatigue.

La plante sera aussi prescrite si le sommeil est perturbé par les rêves, en cas de faible concentration ou de dépression légère mais aussi pour soigner les bronchites et les affections cardiaques.

De plus, la MTC l'utilise pour des problèmes dus à une circulation périphérique médiocre avec des signes de stagnation du sang.

Enfin, Ci-Wu-Jia est souvent utilisé pour soutenir la santé des personnes âgées, des femmes et même de jeunes personnes comparativement aux autres Ginsengs.

 

Les Russes ne « découvrent » l’Éleuthérocoque qu’en 1855, lorsque deux scientifiques l’identifient, pour la première fois, lors d’un voyage au nord de leur pays. Mais c’est surtout vers la fin des années 1950, où l’on recherchait un substitut au Panax ginseng qui devenait trop onéreux et trop rare, victime d’une cueillette excessive, que de nombreuses recherches furent faites sur l'Éleuthérocoque qui semblait posséder de grandes vertus médicinales. Ce sont les docteurs Brekhman et Lazarev qui commencèrent ces études sur des substances produisant un état de résistance générale non–spécifique définissant, ainsi, le concept d'« adaptogène » : la plante permettait à l’organisme de s’adapter aux divers stress tout en provoquant un minimum d’effets indésirables. Elle exerçait une action régulatrice sur de nombreux organes ou fonctions physiologiques. Ces nombreuses études cliniques ont montré non seulement une amélioration physique et mentale chez des personnes stressées mais aussi un effet immunostimulant. 

L'Éleuthérocoque ayant la réputation d'accroître les performances sportives, il est devenu très populaire auprès des athlètes de l'Union soviétique ce qui expliquerait leurs exceptionnelles performances... Il est estimé que, pour l’année 1976, environ 3 millions de Russes consommaient de l’extrait d’Éleuthérocoque, incluant les cosmonautes russes qui étaient en orbite autour de la Terre. L’Éleuthérocoque porte d'ailleurs, pour cette raison, le surnom de "plante secrète des Russes"!

Autre anecdote : de l’Éleuthérocoque a été distribué à la population soviétique à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, en raison de sa possible efficacité sur les radiations et les intoxications chimiques... Nous en aurions eu bien besoin aussi en France ! 

 

C’est seulement vers 1975 que l’Éleuthérocoque a commencé à être utilisé comme plante médicinale en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord. Les données recueillies par les Russes ont été publiées en anglais dans les années 1980. Que ces études aient été plus ou moins bien menées ou que le concept même de substance adaptogène s’insère mal dans les protocoles de recherche de la médecine moderne, aucun essai n’a encore permis de comprendre le fonctionnement exact de ses propriétés. La magie des plantes...

La Commission E et l’O.M.S. reconnaissent l’Éleuthérocoque comme un tonique qui peut soutenir et stimuler l’organisme en cas de fatigue et de faiblesse lorsque la capacité de travail ou de concentration est amoindrie ou au cours d’une convalescence.

En Allemagne, il est reconnu pour favoriser l’augmentation des lymphocytes T.

 

 

(1) Ce qu'on appelle le "Qi", est le fondement de la médecine chinoise. Le "Qi" (prononcer Tchi) est invisible, et pourtant palpable. Il est présent dans toutes les transformations et dans tous les mouvements ou fonctions.

Le "Qi" est fractionné en trois : l'énergie vitale (ou ancestrale), l'énergie de l'air, captée par la respiration, et l'énergie de la nourriture absorbée. 

Dans notre corps l'énergie circule, à la fois en surface, mais également en profondeur, par l'intermédiaire des différents méridiens, reliant la matière, les organes et influant sur la partie physiologique et psychique de l'être humain. Un blocage, un traumatisme ou un manque d'harmonie dans sa circulation créera des déséquilibres externes et internes.

Nos méridiens sont comme des autoroutes, et les points d'acupunctures des aires de repos spécifiques. Il y a l'autoroute du Foie, du Rein, etc., et les aires de repos seront celles de la nourriture, de la tonification, de la dispersion, du Feu, du Yin du Yang etc. En fonction de l'autoroute empruntée ou choisie, on stimulera une aire de repos spécifique afin de répondre aux déséquilibres constatés.

(2) En médecine traditionnelle chinoise (MTC), la conception de l'univers plus précisément du "tout" s'explique sur le concept du Yin et du Yang. Le Yin et le Yang sont des "notions" relatives et adaptatives en fonction du réfèrent. Un exemple : L'eau est Yin, mais si l'on compare l'eau et la glace, la glace est plus Yin que l'eau. Même chose pour la chaleur du soleil qui est Yang. La chaleur d'un feu de cheminée est plus Yang que celui du soleil.

Ces deux "notions" ou "forces " sont indissociables, opposées, leur origine est mutuelle, elles sont complémentaires et interdépendantes.

Le Yin représente l'hiver, l'immobile, le froid, l'ombre, la profondeur (li), l'humidité, la nuit, la femme, la lune, etc.

Le Yang représente le chaud, la lumière, le haut, la surface (ciao), l'homme, la sécheresse, le soleil, le mouvement.

Quatre modèles sont représentatifs de leurs mouvements ou dynamiques:

> Yin et Yang s'opposent

Ne s'oppose que ce qui est comparable : jour/nuit, homme/femme, terre/ciel, lourd/léger, froid/chaud, immobilité/mobilité, ainsi de suite à l'infini.

> Yin et Yang sont interdépendants

L'un n'existe pas sans l'autre, ils sont les deux aspects d'une même réalité : pas de jour sans nuit, pas de nord sans sud, pas d'extérieur sans intérieur...

> Yin et Yang croissent et décroissent alternativement

Quand l'un croît, l'autre décroît et inversement, établissant un équilibre dynamique. C'est le cas dans le déroulement des saisons où, par exemple l'énergie froide diminue progressivement de l'hiver au printemps jusqu'à l'été, et où l'énergie chaude augmente et inversement.

> Yin et Yang se transforment mutuellement

Ils agissent l'un sur l'autre, provoquant des transformations nécessaires à la vie.

En plantant des graines avec l'action combinée du soleil (Yang) et de l'eau (Yin) on obtient des légumes ou des plantes médicinales :), qui à leur tour produiront des graines.

La théorie du Yin et du Yang est appliquée dans la MTC pour expliquer l'origine de la vie, la physiologie humaine, la pathologie, ainsi que les règles et les principes fondamentaux du diagnostic, du traitement et de la prévention des maladies.

(3) Qu’est-ce que le "Shen" ? En fait, c’est une entité qui n’a pas de forme, on pourrait le comparer à "l’âme" dans la tradition judéo-chrétienne. Au sens strict, il régule les fonctions suivantes : les fonctions mentales, les émotions, la conscience, la pensée. Au sens large, il désigne les manifestations externes de l’Énergie vitale, le "Qi". Selon la médecine traditionnelle chinoise, le "Shen" réside dans le cœur. Plus précisément, c’est le sang qui permet de nourrir et d’ancrer le "Shen". Inversement, le "Shen" engendre le sang. C’est pourquoi un excès d'émotions ou de "Shen" va consommer le sang du cœur et la personne deviendra pâle, aura des palpitations ou rendra la personne anxieuse et déprimée.

Quand les fonctions du "Shen" s’accomplissent harmonieusement, le mental est stable, l’esprit est clair, la pensée est agile, la réceptivité aux informations venant du monde extérieur est normale. Quand les fonctions du "Shen" sont perturbées, on peut voir apparaitre des symptômes comme l’insomnie, des rêves excessifs, une excitation mentale ou des réactions opposées comme l’apathie voire la perte de connaissance. Le dérèglement du "Shen" peut provoquer des déséquilibres des autres organes, voire mettre en jeu le pronostic vital.

Constituants

Si tu es herbaliste ou amateur éclairé, ce chapitre te confortera dans ce que tu sais déjà. Sinon, cela te guidera dans un début d'explication de ses propriétés. Je te rappelle, néanmoins, qu'il est bon de ne pas oublier la notion de Totum...

Selon ce que tu veux faire de la plante, je t'indique la meilleure extraction en relation avec les composants.

 

Les structures appelées « éleuthérosides » n’appartiennent pas à un groupe chimique homogène et certains d’entre eux ne sont même pas des hétérosides. 

Aucune structure proche des ginsénosides, caractéristiques du Ginseng, n’a été identifié dans cette plante. On trouve cependant des éleuthérosides à structure stéroïdiques comme dans le Ginseng.

 

La racine contient :

- des saponosides triterpéniques (extraction eau/vinaigre/alcool)

      > Éleuthérosides A - G

           Les propriétés adaptogènes de l’Éleuthérocoque dont sa faculté de stimuler le système nerveux central, avec un fort effet anti-hypnotique, et son effet sur les glandes endocrines (surrénales et glandes sexuelles) sont attribuées, entre autres, à ces hétérosides triterpéniques tétracycliques apparentés aux saponosides.

- des composés phénoliques (extraction eau/vinaigre/alcool)

      > Dérivés phénylpropaniques (coniférine, syringine ou éleuthéroside B)

         La présence de syringine expliquerait l’effet hypoglycémiant de la plante.

      > Acides phénoliques (acide chlorogénique, acide caféique)

      > Coumarines (isofraxidine)

      > Lignanes (sésamine ou éleuthéroside B4, liriodendrine ou éleuthéroside E, syringa-résinol-diglucoside ou éleuthéroside D)

- des glycanes : polysaccharides (extraction eau/vinaigre)

      > Eleuthéranes (A à G) 

        Ces polysaccharides sont de haut poids moléculaire. Ce sont des immunostimulants (action sur les macrophages et les lymphocytes), préventifs des maladies bactériennes et virales, surtout employés dans le but d’augmenter la résistance de l’organisme de manière aspécifique.

- des terpénoïdes (extraction eau/vinaigre/huile/alcool)

      > Saponines

            * Eleuthérosides I à M (β-hérédine ou éleuthéroside K, hédérasaponine B ou éleuthéroside M)

            * Senticosides A à F (glycosides de l'acide oléanolique)

      > Stérols

            * Éleuthéroside A (Daucostérol)

            * Sistostérol

- des provitamines A (caroténoïdes) : Bêta-carotène (extraction huile)

- des vitamines : C (extraction eau/vinaigre/alcool) et E (extraction huile)

- des acides aminés (extraction eau/vinaigre/alcool), des minéraux et des oligo-éléments : Calcium, Phosphore, Potassium, Magnésium, Sodium, Aluminium, Fer, Brome, Cuivre, Zinc, Chrome, Germanium (extraction eau/vinaigre).

- des résines (extraction alcool)

Propriétés

L'Éleuthérocoque est un adaptogène, comme le Ginseng. Il améliore la capacité de l'organisme à s'adapter aux différents stress ou agressions qu'il peut rencontrer : physiques, psychiques, intellectuelles, énergétiques, climatiques, bactériens… lui permettant de ramener à la normale des constantes physiologiques perturbées par ces conditions difficiles.

L’Éleuthérocoque a, néanmoins, une action plus physiologique que son cousin, le Panax ginseng, qui est plus indiqué dans les troubles psychosomatiques. C’est donc l’adaptogène des sportifs ou de la préparation à une activité intellectuelle intense comme chez les étudiants, par exemple. Chez les émotifs, on lui préfèrera le Panax ginseng.

Son intérêt vient aussi de deux caractéristiques principales : 

- une action continue même après l'arrêt de la prise (de 3 à 4 semaines) ;

- une amélioration des réactions de défense de l'organisme mais sans s'y substituer.

 

1) Un adaptogène (propriété principale)

Agissant contre le stress (1), l’Éleuthérocoque équilibre le système nerveux central en agissant, au besoin, soit comme un stimulant soit comme un tranquillisant (2). Il augmente l’ACTH et la LH. Un de ses composants, la syringine, augmente les corticostéroïdes en 3 mois.

En normalisant la synthèse des neurotransmetteurs, il permet aussi de lutter contre l’insomnie et la névrose. L'Eleuthérocoque a été expérimentée sur des souris privées de sommeil pendant 72 heures. La privation de sommeil entraîne des modifications comportementales comme : un temps d'attente réduit pour rentrer dans une chambre noire, des troubles de la locomotion, une difficulté à évaluer un labyrinthe en Y. L'Eleuthérocoque rétablit de manière significative l'ensemble des modifications comportementales et biochimiques (3). 

Enfin, il stimule la synthèse de l’A.D.N. et des enzymes réparatrices cellulaires : c’est probablement ce qui lui confère la propriété de ralentir le vieillissement puisqu’il agit contre le stress oxydatif (4). Ce n'est toutefois pas la Fontaine de Jouvence !

==> On l’utilisera donc pour combattre le stress et les tensions nerveuses mais aussi en cas de problèmes de sommeil et/ou psychiques. Il augmente le sentiment de bien-être général.

 

2) Un tonique général (propriété principale)

Il permet de diminuer la fatigue physique et/ou intellectuelle (5).

On a pu constater une amélioration de la récupération, de la circulation cérébrale, de l’appétit mais aussi une augmentation de la vitesse de réaction mentale, de la capacité de résistance à l’effort, une meilleure consommation d'oxygène par les muscles durant l'exercice (Volume d’O2 max) et une meilleure utilisation de l’énergie mise en réserve. D'ailleurs, une étude scientifique réalisée la Seconde université médicale de Shangaï, sur des souris, montre l'efficacité de l'Eleuthérocoque pour l'amélioration du temps de nage pour parvenir jusqu'à l'épuisement (6).

 

L'Eleuthérocoque diminue les dommages causés aux muscles comme le montre les niveaux de LDH (Lactate déshydrogénase) enzyme et marqueur de dégradation du tissu musculaire. Il diminue les triglycérides et les niveaux d'azote uréique, marqueurs et déchets de l'activité musculaire (7). Cela explique certainement son potentiel à nous faire "récupérer" efficacement après un effort physique...

A ce sujet, je ne peux pas m'empêcher de te confier l'anecdote suivante : l'Eleuthérocoque était fort apprécié par un body-builder célèbre qui n'est autre qu'Arnold Schwarzenegger (himself). Il en a fait, d'ailleurs, l'apologie dans son livre sur la musculation Encyclopedia of modern bodybuilding. Si ça c'est pas une preuve ! :)

L'Eleuthérocoque a même un effet bénéfique sur le profil lipidique ! (Cf. note 4) Il augmente l'utilisation des graisses lors des efforts musculaires, épargnant les réserves de sucres.

==> On l’utilisera donc en cas d’asthénie fonctionnelle passagère, de neurasthénie, lors d'efforts physiques tels que des entraînements sportifs et en cas de surmenage intellectuel, tels que des examens ou des problèmes de concentration car il soutient la mémoire.

On s’en servira aussi lors d’une période de convalescence car il permet une reprise de poids et de vitalité après une maladie, un accident ou une chirurgie.

 

3) Un immunostimulant et un antiviral (propriété principale)

L’Éleuthérocoque améliore la réponse du système immunitaire (8). Il permet de mieux résister aux changements de température et de mieux résister au froid. En Russie, tu m'étonnes que ce soit vital ! :)

Plusieurs études cliniques montrent que l'Eleuthérocoque, en association à l'Andrographis (Andrographis paniculata) améliore significativement les symptômes du rhume lorsque la prise de cette association commence dans les 72 heures suivant les premiers symptômes. Une autre étude montre que cette même association a une efficacité supérieure à l'Andrographis seule ou au placebo dans la prise en charge des symptômes du rhume chez les enfants. Une étude clinique préliminaire montre que les patients atteints de grippe prenant l'association Eleutherococcus/Andrographis voient leurs symptômes diminuer plus rapidement que sous Amantadine. On constate une amélioration dans les 2 jours et une guérison en 4 à 5 jours. Cette association semble également diminuer le risque de complications post-grippales (9). Elle est donc particulièrement indiquée contre le Mixovirus Influenza (virus de la grippe), le Virus respiratoire Syncytial (cause la plus fréquente des infections respiratoires des jeunes enfants dans le monde) et le Rhinovirus (cause principal du rhume, rhinite et autres joyeusetés qui croissent dans les voies nasales).

Qui dit immunité, dit intestin... oui, oui... Tu as certainement entendu beaucoup de choses sur le rôle de la flore intestinale ou sur les problèmes liés à la porosité intestinale. L'intestin est l’organe clé de l’immunité du système digestif mais aussi de notre défense immunitaire globale. En effet, le tissu lymphoïde intestinal (GALT) représente la plus grande masse lymphoïde de l’organisme. Il contient plus de lymphocytes que tous les organes lymphoïdes secondaires : rate, ganglions, muqueuse uro-génitale, muqueuse de l’arbre bronchique. C’est l’acteur principal du système immunitaire acquis. Il n’y a donc pas de bonne immunité sans intestins en bon état! Eh bien sache que l'Eleuthérocoque a été étudié chez des souris dans les affections intestinales lorsque la muqueuse de l'intestin est agressée par des pathogènes divers tels les virus, bactéries, Candida albicans ou une intoxication. Ces agressions entraînent une porosité de la membrane de l'intestin et une migration de pathogènes dans la circulation sanguine. L'Eleuthérocoque stimule l'expression des gènes peptidiques antimicrobiens. Elle augmente le taux de survie et diminue la mort des cellules épithéliales intestinales. Elle élimine également les masses mélanotiques (amas de cellules noircies) et protège la muqueuse de l'intestin, véritable organe lymphoïde, producteur de lymphocytes. Ces derniers patrouillent à travers tout l'organisme afin d'éliminer les pathogènes et d'éviter la translocation bactérienne (échappement de pathogènes ou toxiques alimentaires dans la circulation sanguine).

==> On l’utilisera (idéalement en synergie avec l'Andrographis) pour aider à combattre les affections chroniques comme la bronchite, les agressions virales telles que la grippe ou d’autres atteintes respiratoires supérieures. Mais il pourra être, aussi, un véritable soutien à toute affection virale ou microbienne en synergie avec d'autres plantes ou HE.

Il fait aussi des merveilles dans les cas d’herpès génital. En effet, il a été mesuré une diminution de la fréquence, de la sévérité et de la durée des infections à herpes simplex de type 2 (HSV-2) (10).

 

4) Un gonadotrope (propriété principale)

Il stimule la fonction endocrine des glandes sexuelles et surrénales. De plus, en agissant sur l’hypophyse, il régularise tout le système hormonal de l’organisme.

==> On l’utilisera en cas d’infertilité ou d’impuissance.

 

5) Un régulateur physiologique (propriété principale)

Il a une action sur le sucre (hypoglycémiant et anti-hyperglycémiant), sur les acides gras (hypolipémiant) et donc sur le cholestérol car il réduit la synthèse du cholestérol hépatique et abaisse le cholestérol sanguin et les taux de prothrombine. 

Il s’avèrera donc très utile en cas d’hypercholestérolémie.

Il stimule l’hématopoïèse (formation des globules rouges du sang).

==> On l’utilisera en cas d’hyperglycémie, de diabète de type 2 (DT2). Une étude expérimentale sur rats montre un effet hypoglycémiant de la syringine, un composant de l’Éleuthérocoque. Une autre étude, in vitro, montre un effet bénéfique de l’Éleuthérocoque  dans la prévention du DT2 en diminuant l’hyperglycémie postprandiale (après les repas) (11).

Son action sur le sang sera utile dans la prévention des thromboses et des phlébites.

L’Éleuthérocoque permettra aussi de réguler la tension.

 

6) Un radioprotecteur et un antitumoral (propriété secondaire)

Il a un effet protecteur contre les radiations et d’autres substances toxiques comme les produits utilisés en chimiothérapie puisqu'il soutient le foie. Il est, en effet, hépatoprotecteur à 100-500 mg/j.

Des études ont montré que l’Éleuthérocoque réduisait la propagation des métastases et faisait régresser les foyers tumoraux tout en stimulant le système immunitaire grâce à ses polysaccharides et son action adaptogène.

==> On l’utilisera donc comme adjuvant dans le traitement des cancers, dans le cas d’adénomes pulmonaires et dans le cas de tumeurs qu’elles soient thyroïdiennes ou mammaires.

Il est aussi un allié de choix dans le cas de la leucémie puisqu'il peut s'avérer antiprolifératif des cellules L1210.

 

7) Un anti-inflammatoire (propriété secondaire)

On lui reconnaît une action anti-inflammatoire par les diterpènes de ses racines.

 

8) Un protecteur de l'estomac (propriété secondaire)

Les propriétés anti-stress de l'Eleuthérocoque s'étendent jusqu’à la sphère gastro-intestinale. Elle rétablit les dommages causés à la muqueuse de l'estomac (12) par des médicaments, une mauvaise hygiène alimentaire, et tout particulièrement le stress.

Il rétablit la production du mucus, habituellement produit par l'estomac et qui protège la membrane de la paroi stomacale. Les effets de l'Eleuthérocoque sont similaires au Fatomidine, médicament habituellement prescrit pour l'ulcère gastrique, sans les effets secondaires.

 

Pour aller plus loin du côté des "autorités" ! ;)

> L’Agence européenne du médicament (EMA) considère comme "traditionnellement établi" l’usage de l’Eleuthérocoque dans "les asthénies, l’état de fatigue et de faiblesse". Elle recommande d’en réserver l’usage aux adultes et aux enfants de plus de douze ans.

> L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît la racine d’Eleuthérocoque comme "un tonique capable d’augmenter les capacités mentales et physiques lors de fatigue et au cours des convalescences". Elle mentionne son usage dans les médecines traditionnelles contre l’arthrose (rhumatismes), les troubles gastriques aigus ou chroniques, ainsi que comme diurétique et régulateur de la tension artérielle.

> La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage de l’Eleuthérocoque comme "fortifiant lors de périodes de fatigue, de faiblesse et de perte de capacité de travail, de concentration, ainsi que lors de convalescence".

> La Coopération scientifique européenne en phytothérapie (ESCOP) reconnaît l’usage de l’Eleuthérocoque dans les cas "de diminution des capacités physiques et mentales, telles que fatigue, faiblesse, épuisement et perte de concentration, ainsi que lors de convalescence". 

 

 

(1) Les propriétés adaptogènes de l'Eleuthérocoque ont fait l'objet d'une trentaine d'études cliniques portant sur 2.100 adultes, en bonne santé ou convalescents, soumis à divers stress (bruit, forte chaleur, performances physiques). L'analyse globale de ces études confirme un effet positif de l'Eleuthérocoque dans la réaction de l'organisme au stress.

Une autre étude scientifique (J. Trad. Chin. Med.) a été réalisée sur les souris afin d'évaluer la capacité d'adaptation au stress. Deux tests ont été utilisés : test de suspension par la queue et test de nage forcé qui induisent des comportements stéréotypés et dépressifs.

L'Eleuthérocoque a été testée à la dose de 30, 100, et 300 mg pendant 14 jours.

Les résultats montrent que l'Eleuthérocoque diminue le temps d'immobilisation aux deux tests :

- 47,7% au test d'immobilisation par la queue

- 69,6% au test de nage forcée

(2) Dans les essais in vitro comme chez l’animal, des études ont montré que les extraits d’Eleuthérocoque semblent capables d’interagir avec les molécules qui, dans les cellules, permettent l’action des corticostéroïdes (hormones qui régulent la réponse au stress).

L'Eleuthérocoque diminue les niveaux des hormones du stress. Elle diminue également les marqueurs du stress dans l'hippocampe et l'hypothalamus.

(3) Seconde université militaire de Shanghai. 2011

(4) Plusieurs études in vitro montrent les effets bénéfiques d'Eleutherococcus senticosus sur les marqueurs du stress oxydant.

> Lee YJ, Chung HY, Kwak HK, Yoon S. The effects of A. senticosus supplementation on serum lipid profiles, biomarkers of oxidative stress, and lymphocyte DNA damage in postmenopausal women. Biochem Biophys Res Commun. 2008; 375(1): 44-8.

> Liang Q, Qu S, Yu X, Xu H, Sui D. Acanthopanax senticosus saponins ameliorates oxidative damage

induced by hydrogen peroxide in neonatal rat cardiomyocytes. Zhong Yao Za Zhi 2009; 34(19): 2489-93.

> Wang X, Hai CX, Liang X, Yu SX, Zhang W, Li YL. The protective effects of Acanthopanax senticosus

Harms aqueous extracts against oxidative stress: role of Nrf2 and antioxidant enzymes. J Ethnopharmacol. 2010; 127(2): 424-32.

(5) Une étude in vitro montre un effet anti-fatigue, à la fois sur la fatigue physique et la fatigue mentale, de l'Eleuthérocoque et, en particulier, des éleuthérosides E.

Huang LZ, Huang BK, Ye Q, Qin LP. Bioactivity-guided fractionation for anti-fatigue property of Acanthopanax senticosus. J Ethnopharmacol. 2010 Oct 20. 

Les effets de l’Eleuthérocoque sur les performances intellectuelles des personnes âgées sont parfois complexes à analyser, car ils ont souvent été évalués en association avec ceux du Ginkgo.

(6) Temps moyen groupe Eleuthérocoque : 22,2 minutes de temps de nage

 

Temps moyen groupe contrôle : 13,7 minutes de temps de nage.

(7) Ces résultats sont ceux des études sont celles faites par les Russes et les Chinois.

(8) Plusieurs études in vitro montrent une augmentation de l'expression des facteurs de l'immunité en stimulant les lymphocytes.

> Jung CH, Jung H, Shin YC, Park JH, Jun CY, Kim HM, Yim HS, Shin MG, Bae HS, Kim SH, Ko SG.

Eleutherococcus senticosus extract attenuates LPS-induced iNOS expression through the inhibition of Akt and JNK pathways in murine macrophage. J Ethnopharmacol. 2007; 113(1): 183-7.

> Rogala E, Skopinska-Rózewska E, Sawicka T, Sommer E, Prosinska J, Drozd J. The influence of

Eleuterococcus senticosus on cellular and humoral immunological response of mice. Pol J Vet Sci. 2003; 6 (3 Suppl): 37-9

> Université forestière du Nord-Est. Harbin. Chine. 2013

(9) > Gabrielian ES, Shukarian AK, Goukasova GI, et al. A double blind, placebo controlled study of Andrographis paniculata fixed combination Kan Jang in the treatment of acute upper respiratory tract infections including sinusitis. Phytomedicine 2002; 9:589-97. 

> Melchoir J, Spasov AA, Ostrovskij OV, et al. Double-blind, placebo-controlled pilot and phase III study of activity of standardized Andrographis paniculata Herba Nees extract fixed combination (Kan Jang) in the treatment of uncomplicated upper-respiratory tract infection. Phytomedicine 2000; 7:341-50.

> Poolsup N, Suthisisang C, Prathanturarug S, et al. Andrographis paniculata in the symptomatic treatment of uncomplicated upper respiratory tract infection: systematic review of randomized controlled trials. J Clin Pharm Ther 2004; 29:37-45.

> Roxas M, Jurenka J. Colds and Influenza: A Review of Diagnosis and Conventional, Botanical, and Nutritional Considerations Alternative Medicine Review 2007; 12: 25-48

> Spasov AA, Ostrovskij OV, Chernikov MV, Wikman G. Comparative controlled study of Andrographis paniculata fixed combination, Kan Jang and an Echinacea preparation as adjuvant, in the treatment of uncomplicated respiratory disease in children. Phytother Res 2004; 18:47-53.

> Kulichenko LL, Kireyeva LV, Malyshkina EN, Wikman G. A Randomized, Controlled Study of Kan Jang versus Amantadine in the Treatment of Influenza in Volgograd. J Herb Pharmacother 2003; 3:77-92.

(10)  > Williams M. Immuno-protection against herpes simplex type II infection by eleutherococcus root extract. Int J Alt Complement Med. 1995;13:9-12.

> Vogler BK, Pittler MH, Ernst E. The efficacy of ginseng. A systemic review of randomized clinical trials. Eur J Clin Pharmacol 1999; 55:567-75. 

(11) > Niu HS, Liu IM, Cheng JT, Lin CL, Hsu FL. Hypoglycemic effect of syringin from Eleutherococcus

senticosus in streptozotocin-induced diabetic rats. : Planta Med. 2008; 74(2): 109-13.

> Watanabe K, Kamata K, Sato J, Takahashi T. Fundamental studies on the inhibitory action of Acanthopanax senticosus Harms on glucose absorption. J Ethnopharmacol. 2010; 132(1): 193-9. 

(12) J. Trad. Chin. Med. 2016

Formes galéniques et dosages

L’Éleuthérocoque est souvent associé à d’autres plantes.

 

Il peut être utilisé :

- en traitement curatif : prendre jusqu’à amélioration (maximum 12 semaines), voire disparition complète des symptômes, en veillant toutefois à pratiquer des pauses thérapeutiques de temps en temps (2 semaines) si on continue le traitement. Il est bon que le corps se repose et réapprenne à travailler seul puisque la plante lui a montré le chemin... 

- en traitement préventif, à raison de 3 à 4 cures par an : faire des cures régulières de 4 à 6 semaines, de préférence aux intersaisons, périodes charnières où l’organisme a le plus de difficultés à se défendre.

 

Les bénéfices de son absorption sont cumulatifs et on ne constatera une amélioration qu’après un minimum approximatif de 3 semaines de traitement.

 

L’Éleuthérocoque est plus disponible, moins coûteux et plus sécuritaire pour les personnes (Cf. « Mises en garde » et « Interactions »).

 

Il est fortement recommandé de prendre l’Éleuthérocoque de préférence le matin ou le midi, voire en début d'après-midi, afin de ne pas troubler le sommeil. Même si, normalement, l'Eleuthéro ne crée pas de stimulation majeure, le principe de précaution s'impose et tout dépendra de ta constitution et de ta sensibilité.

 

Voici des exemples de préparations pour prendre ce doux adaptogène... Demande conseil à ton herbaliste ! :)

- Alcoolature de racine sèche [1:5, 60° ou 75°] : de 2,5 à 20ml /jour, en 1 à 3 prises.

- Alcoolature de racine fraîche [1:2, 90°] : de 1 à 8 ml en 1 à 3 prises.

- Extrait fluide [1:1, 90°] : de 0.5 à 4 ml par jour en 2 ou 3 prises.

- Extrait sec [14 à 25:1] en gélules : 600mg à 1g, en 2 prises.

- Extrait solide [20:1] : 100 à 200mg par jour en 2 ou 3 prises.

- Poudre totale sèche en gélules : de 0.5 à 4g en 1 à 3 prises.

- Poudre totale sèche en décoction : 1 à 2 cc pour 1/2l (10mn et infusion 1h à couvert). 

- Décoction : 30g/l de racines séchées coupées (fais frémir à couvert 20mn), une tasse jusqu’à 3 fois/jour.

- Infusion à froid : 60 à 120 ml, 3 fois par jour.

 

Comme tu as pu le remarquer, tous ces constituants ne s'extraient pas de la même façon... Alors, si tu veux obtenir une teinture, par exemple, la plus complète possible, tu peux faire une double extraction : une décoction concentrée et une teinture/alcoolature que tu mélangeras ensemble : tu pourras ainsi profiter des polysaccharides sans te priver des autres constituants qui seront mieux extraits par l'alcool.

Pour tous ceux qui ne souhaitent pas consommer de l'alcool, tu peux, même si tu obtiendras une teinture plus douce, utiliser du vinaigre de cidre bio (article à venir).

Synergies possibles :

 

Concentration intellectuelle : Éleuthérocoque + Ginkgo, Romarin, Bacopa, Maca...

Fatigue musculaire : Éleuthérocoque + Spiruline

Stress avec tension musculaire : Eleuthérocoque + Scutellaire

Performances physiques : Éleuthérocoque + Ginseng, Guarana...

Affections des voies respiratoires : Éleuthérocoque + Échinacée d’Inde

Jambes lourdes chroniques : Eleuthérocoque + Marron d'Inde, Hamamélis, Vigne rouge...

Fatigue générale, anorexie : Eleuthérocoque + Acérola...

Sommeil perturbé, réveils fréquents : Eleuthérocoque + fruits de Longame, graines de Jujubier, Passiflore...

Inflammation : Eleuthérocoque + Curcuma, Harpagophytum, Reine des prés...


Mises en garde

Aux doses recommandées, l’Éleuthérocoque est une plante très peu contre-indiquée et provoquant de très rares effets secondaires. On ne connaît d'ailleurs pas de réels effets secondaires quant à sa prise et c'est une des raisons pour laquelle c'est un adaptogène. Je me répète mais c’est vraiment le plus doux des Ginsengs.

 

Cependant, comme l'Éleuthérocoque peut être stimulant (1), les personnes atteintes de troubles cardiovasculaires, d’athérosclérose ou de cardite rhumatismale doivent faire attention : il peut provoquer des palpitations, des tachycardies et une élévation de la tension artérielle (2).

Il en va de même pour les personnes ayant une tension artérielle élevée (plus de 180 (systolique)/90 (diastolique)).

De plus, de par cette propriété, il peut, potentiellement, causer un risque d’énervement.

Pour la même raison, on conseillera de limiter sa consommation en caféine pendant son utilisation et de ne pas en prendre après 16 h (principe de précaution, tu te souviens ?) car cela pourrait, rarement toutefois, troubler le sommeil.

 

Il peut aussi entraîner, tout aussi peu souvent, une diarrhée temporaire puisqu'il a une action sur les intestins. Cela est rare et rentre vite dans l'ordre...

 

À éviter aussi lors d’infection aiguë car il pourrait empirer la situation. C'est une théorie souvent discutée aujourd'hui et ce débat concerne beaucoup de plantes connues pour renforcer l'immunité comme les Echinacées, par exemple...

 

L’utilisation à long terme est associée à une inflammation des nerfs pouvant provoquer des spasmes musculaires, en particulier au niveau du nerf sciatique : mets vraiment ton corps au repos au bout de 12 semaines.

 

Cet adaptogène, je te le rappelle, stimule les sécrétions hormonales et ses éleuthérosides peuvent agir comme des œstrogènes. Ainsi, on l'évitera en cas de cancer hormono-dépendant, de maladies du sein ainsi que sous contraceptif oral. C'est, encore une fois, une recommandation selon le principe de précaution puisque d'autres études nous amèneraient plutôt à penser que les adaptogènes réguleraient justement la production hormonale et auraient un effet protecteur...

Comme l'affirmait Paracelse en arguant que "la dose seule fait que quelque chose n'est pas un poison", l’utilisation à forte dose d'Eleuthérocoque peut provoquer des mastalgies, des saignements utérins, des troubles de l’humeur (3) : il faut donc toujours respecter les doses recommandées.

 

L'Eleuthérocoque augmenterait les effets des antibiotiques par addition.

 

On évitera, évidemment, de le conjuguer avec la prise massive d'alcool qui accentuerait le côté sédatif de la plante.

 

Il est également déconseillé aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants de moins de 12 ans bien que, chez ces derniers, les études n'aient pas montré de toxicité particulière.

Pour les adolescents (12 à 17 ans), je te conseille, d'ailleurs, de diviser la durée de prise par deux : 6 semaines max puis 1 semaine de fenêtre thérapeutique.

 

En bref, si tu n'es pas atteint de ces maladies, enceinte, allaitante, et si tu respectes les doses recommandées et les conseils, l'Eleuthérocoque est dénué d'effets indésirables.

 

 

(1) Pour la petit histoire, en 2008, la Fédération nationales des Courses Françaises (FNCH) a émis un avis sur l'Eleuthérocoque souvent couplé à l'Harpagophytum (pour ses propriétés anti-inflammatoires) : "De nombreux compléments nutritionnels pour chevaux contiennent des plantes telles que : ELEUTHEROCOQUE et HARPAGOPHYTUM.

L’ELEUTHEROCOQUE (Eleutherococcus senticosus) contient notamment l’Eleuthéroside E, un "adaptogène" doué de propriétés anti-stress, il est considéré également comme stimulateur de la production de lymphocytes et utilisé aussi dans les asthénies fonctionnelles.

L’HARPAGOPHYTUM (Harpagophytum Procumbens) dont le constituant majoritaire l’Harpagoside possède des propriétés anti-inflammatoires.

L’attention des professionnels doit être attirée sur le fait que ces plantes contiennent des substances qui rentrent dans les catégories de substances prohibées par les Codes des Courses et que leur usage est susceptible d’occasionner des contrôles positifs.

Bien que ces substances, aux doses habituellement prescrites, s’éliminent rapidement, il convient de rappeler que leur administration est interdite par les Codes des Courses dès que le cheval est déclaré partant."

(2) Mills S, Bone K. Principles and Practice of Phytotherapy. London: Churchill Livingstone, 2000. 

(3) Hartz AJ, Bentler S, Noyes R et al. Randomized controlled trial of Siberian ginseng for chronic fatigue. Psychol Med 2004; 34:51-61

Interactions

Les principales interactions existantes proviennent des constituants et des propriétés intrinsèques de l’Éleuthérocoque.

 

1) Interactions pharmacodynamiques

 Anti-agrégants plaquettaires et anticoagulants : augmentation du risque de saignements par addition d’effets due à la présence de coumarines.

Pas de preuve clinique ni expérimentale.

Mécanisme probable de l’interaction : un des composants de l’Éleuthérocoque, l’acide dihydrobenzoïque semble inhiber l’agrégation plaquettaire et donc abaisser le temps de coagulation (1).

Importance : interaction théorique possible.

> Conseil : en cas d’association avec aspirine, plavix, diclofénac, ibuprofène, naprosyne, héparine, warfarine, surveillance clinique des signes d’hémorragie.

 

 Médicaments antidiabétiques et insuline : augmentation du risque d’hypoglycémie par addition d’effets (du fait de l’effet hypoglycémiant de la plante).

Absence de preuve clinique.

Preuves expérimentales : plusieurs études in vitro montrent une amélioration de la glycémie voire un effet hypoglycémiant de l’Éleuthérocoque (2) (3).

Mécanisme probable de l’interaction : addition d’effets hypoglycémiants.

Importance : interaction possible.

> Conseil : en cas d’association avec glimepiride, glipizide, insuline, surveillance étroite de la glycémie et des signes d’hypoglycémie.

 

 Médicaments hypo/hypertenseurs : du fait de l’effet régulateur de la plante.

 

 Médicaments antidépresseurs : il potentialiserait leurs effets. A surveiller donc avec l'association de clonazepam, phenobarbital...

 

2) Interactions pharmacocinétiques (4)

 Médicaments métabolisés par l’iso-enzyme 1A2 du cytochrome P450 : augmentation des concentrations plasmatiques.

Absence de preuve clinique.

Preuves expérimentales : des études expérimentales in vitro et sur des modèles animaux suggèrent que les extraits d’Éleuthérocoque inhibent l'action du CYP1A2 (5).

Interactions possibles avec des molécules substrats du 1A2 telles que : clozapine, fluvoxamine, haldol, halopéridol, imipramine, olanzapine, propranolol, théophylline, zolmitriptan...

Mécanisme probable de l’interaction : inhibition du CYP1A2.

Importance : interaction possible

> Conseil : en cas d’association, surveillance clinique et/ou biologique des signes de surdosage.

 

 Médicaments métabolisés par l’iso-enzyme 2C9 du cytochrome P450 : augmentation des concentrations plasmatiques.

Absence de preuve clinique.

Preuves expérimentales : des études expérimentales in vitro et sur modèles animaux suggèrent que les extraits d’Éleuthérocoque inhibent le 2C9 (5).

Interactions possibles avec les molécules substrats du 2C9 telles que : amitriptyline, diazépam, diclofenac, warfarine, losartan, tamoxifène, oestradiol, verapamil...

Mécanisme probable de l’interaction : inhibition du CYP2C9.

Importance : interaction possible.

> Conseil : en cas d’association, surveillance clinique et/ou biologique des signes de surdosage.

 

3) Mécanisme non déterminé

 Digoxine : augmentation de la digoxinémie (digoxine sérique).

Preuves cliniques : il existe un cas isolé rapporté d’augmentation de la digoxinémie suite à la prise d’Éleuthérocoque pendant une durée indéterminée chez un patient précédemment stable sous digoxine depuis plus de 10 ans. Il n’a pas été trouvé de contamination par digitoxine ou digoxine dans les capsules et les auteurs du rapport rejettent également l’idée que les éleuthérosides (ressemblant chimiquement à la structure des glycosides cardiotoniques) auraient pu être convertis in vivo en digoxine ou que l’élimination rénale de la digoxine aurait pu être altérée car le patient n’a pas montré de signe de toxicité (6).

Preuves expérimentales : il a été montré que Panax ginseng (Ginseng asiatique), Panax quinquefolius (Ginseng américain) et Eleutherococcus senticosus (Éleuthérocoque) interfèrent avec certains dosages de la digoxine dont les dosages immunologiques par polarisation de fluorescence (FPIA) et les dosages immuno-enzymatiques sur microparticules (MEIA).

Mécanisme probable de l’interaction : non élucidé.

Il est difficile de savoir si l’augmentation de digoxinémie est due à une interaction pharmacocinétique (inhibition de la PGP qui augmenterait l’absorption de la digoxine et donc la Cmax (7)) ou s’il s’agit d’une interférence avec le dosage de la digoxine qui donnerait de faux résultats.

Une autre possibilité serait la contamination du produit par une plante chinoise, Periploca sepium, qui contient des glucosides cardiotoniques et qui est connue pour être une falsification de l’Éleuthérocoque (8).

Importance : interaction probable.

> Conseil : en cas d’association, surveillance clinique des signes de surdosage en digoxine.

 

4) Interactions avec d’autres plantes

 Plantes ou compléments ayant également des effets anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires : augmentation théorique de l'effet par addition, en particulier avec l’Angélique, l’Ail, le clou de Girofle, le Gingembre, le Ginkgo, le Ginseng, le Curcuma...

 

 Plantes ou compléments ayant également des effets hypoglycémiants : augmentation théorique de l'effet par addition, en particulier avec le Fenugrec, le Melon amer, le Gingembre, le Kudzu, le Gymnéna ou même l'Olivier...

 

 Plantes ou compléments ayant également des effets sédatifs ou anxyolitiques : augmentation théorique de l'effet par addition, en particulier avec l'Eschcholtzia, la Camomille allemande, la Centella asiatica, le Houblon, la Sauge, le Millepertuis, la Valériane, l'Acore odorant...

 

5) Sécurité

Falsification fréquente par Periploca sepium, une plante chinoise de la famille des Asclépiadacées.

Un rapport de cas montre une androgénisation néonatale suite à la prise, durant la grossesse, d’Éleuthérocoque falsifié par Periploca sepium (8).

Il est également probable que ce type de falsification ait été la cause du cas clinique d’augmentation de la digoxinémie.

Ce problème de falsification ou de confusion montre à quel point il faut être attentif : assure-toi donc toujours de la provenance de la plante si tu ne la cultives pas toi-même.

 

 

(1) Yun-Choi HS, Kim JH, Lee JR. Potential inhibitors of platelet aggregation from plant sources, III. J Nat Prod 1987; 50:1059-64

(2) Niu HS, Liu IM, Cheng JT, Lin CL, Hsu FL. Hypoglycemic effect of syringin from Eleutherococcus

senticosus in streptozotocin-induced diabetic rats. : Planta Med. 2008; 74(2): 109-13. 

(3) Watanabe K, Kamata K, Sato J, Takahashi T. Fundamental studies on the inhibitory action of Acanthopanax senticosus Harms on glucose absorption. J Ethnopharmacol. 2010; 132(1): 193-9. 

(4) L'Eleuthérocoque n'a pas d'autres actions théoriques sur les autres cytochromes que les deux mentionnés dans mon article.

Donovan JL, DeVane CL, et al. Siberian ginseng (Eleutheroccus senticosus) effects on CYP2D6 and CYP3A4 activity in normal volunteers. Drug Metab Dispos. 2003 May;31(5):519-22.

(5)  Harkey MR, Henderson GL, Zhou L, et al. Effects of Siberian ginseng (Eleutherococcus senticosus) on cDNA-expressed P450 drug metabolizing enzymes. Alt Ther 2001; 7:S14. 

(6) Takahashi T, Kaku T, Sato T, Watanabe K, Sato J. Effects of Acanthopanax senticosus HARMS extract on drug transport in human intestinal cell line Caco-2. J Nat Med. 2010; 64(1): 55-62

(7) McRae S. Elevated serum digoxin levels in a patient taking digoxin and Siberian ginseng. CMAJ 1996;

155:293-5. 

(8) Awang DVC. Siberian ginseng toxicity may be case of mistaken identity (letter). CMAJ 1996; 155:1237

 

 

Les nouvelles études confirment la validité des principales indications, toutefois, cette plante qui a un intérêt certain sur l’amélioration de la vie, la sociabilité, la convalescence et les améliorations des performances intellectuelles de la personne âgée, entre autres, justifierait, selon moi, des études plus élargies, plus approfondies et sur des périodes plus longues, la tendance étant souvent à des protocoles courts (alors qu'il ne s'exprime vraiment qu'à partir de 3 semaines de prise continue) car l'Eleuthérocoque ne saurait se limiter qu’à une simple prévention saisonnière des états grippaux : ce serait dommage !

 

Herbalistiquement,