2- Les poils urticants de l'Ortie


Second article concernant ses fameux poils urticants... Aïe ! Cuisants souvenirs pour la plupart d'entre nous ! 

On comprend pourquoi l'Ortie fait partie de la famille des Urticacées qui regroupe herbacées (des plantes vertes quoi…) et ligneux (des arbustes, des arbres)…

Cette famille rassemble à elle seule 48 genres (dont le genre Urtica) pour environ 1000 espèces que l’on retrouve réparties essentiellement en régions tropicales mais aussi jusque dans les régions tempérées ce qui est le cas pour les Orties qui nous intéressent.


LE SAVAIS-TU ?

Urticacées… Forcément tu penses à « urticaire »… Et tu as bien raison !

Tous ces mots viennent du verbe latin URERE qui signifiait :

- BRÛLER : dans le sens de « détruire par le feu » mais aussi « causer une douleur ».

- CAUTÉRISER : brûler une plaie de façon superficielle pour prévenir une infection.

Le verbe URERE proviendrait de la racine sanskrite "ush" signifiant également "brûler". Il apparaît donc que les deux mots ont la même origine indo-européenne.

Ainsi, déjà dans l’étymologie, on retrouve les deux grandes caractéristiques de la Dame : elle pique (Ortie piquante / Grande Ortie / Ortie dioïque / Ortie élevée, Urtica dioica), brûle même (Petite Ortie ou Ortie brûlante, Urtica urens) mais elle soigne…

D'ailleurs, si j'ai choisi d'appeler mon personnage Uram, dans le conte Uram et ses soeurs, c'est parce que cela signifie "Je brûlerai" en latin... mais c'est pourtant une soigneuse.



La famille des Urticacées comprend une cinquantaine de genres et près de 700 espèces réparties à travers le monde.

Deux genres sont représentés dans nos pays septentrionaux : Urtica et Parietaria.

Sous le genre « Ortie », on retrouve plus d'une cinquantaine d'espèces dont une trentaine en région tempérée. Cinq espèces ont été répertoriées en France : l'Ortie dioïque (Urtica dioica), la plus connue, l'Ortie brûlante (Urtica urens), l'Ortie à membranes (Urtica membranacea), l'Ortie à pilules ou romaine (Urtica pilulifera) et l'Ortie de Dodart (Urtica atrovirens).

Elles piquent plus ou moins, mais pas autant que certaines espèces exotiques qui peuvent provoquer des piqûres excessivement dangereuses.

 

Sur le plan botanique, les différentes espèces présentent toutes un aspect identique : ce sont des plantes élancées à tige quadrangulaire et à feuilles opposées par deux, à fleurs petites en grappes ou en boulettes de couleur verdâtre qui ont 4 sépales et pas de pétales (apétales). Elles donnent naissance à un fruit : l'akène. On observe la présence de nombreux poils urticants. Les Orties poussent en touffes épaisses. Bon, je ne m'étendrai pas plus sur l'aspect botanique car, comme je le disais dans mon introduction, tu connais cette magnifique plante...

Les poils urticants des orties correspondent à des formations appelées par le terme général de cystolithe  (littéralement « outre de pierre » en grec). C’est la principale caractéristique des Urticacées : ces plantes sont recouvertes de poils, certains à cystolithes allongés, d’autres urticants.

 

Chaque poil urticant n’est composé que d’une seule cellule, hypertrophiée, supportée par une expansion de l’épiderme (soit de la feuille, soit de la tige).

La forme globale du poil urticant est très allongée et pointue, mais sa base est élargie en forme de vase.

La paroi cellulaire inférieure se trouve naturellement calcifiée par des dépôts de carbonate et d’oxalate de calcium. Au contraire, la pointe supérieure du poil urticant est, quant à elle, silicifiée par un dépôt de silice.

La limite entre la partie calcifiée et celle silicifiée constitue une zone de fragilité : au moindre choc, la cassure du poil urticant s’effectue nettement à cet endroit-là. L’extrémité supérieure du poil urticant présente un léger renflement, qui agit comme un harpon lorsqu’il rentre dans le tissu épidermique de la peau. Le poil urticant est alors soumis à une contrainte mécanique : il est bloqué à sa base, fermement attachée à la plante, et par son extrémité, fichée dans la peau. La rupture est alors inévitable (Là, j'aurais pu ajouter une musique qui fait peur...)

À l’intérieur du poil urticant, comme pour toute cellule végétale, on peut observer un noyau et une vacuole. Elle occupe la quasi-totalité de l’espace interne de la cellule.

 

C’est dans cette vacuole que sont entreposés les composés chimiques responsables de la réaction d’irritation qui se produit lorsque le poil urticant est cassé.

C’est l’histamine qui par vasodilatation des capillaires provoque les démangeaisons de type allergique. Il ne s’agit pas d’une réaction du système immunitaire, mais bien d’une réaction d’irritation. Pas de toxalbumine donc (La toxalbumine est une substance protidique d'origine animale, végétale ou bactérienne possédant des propriétés toxiques).

L’acétylcholine, quant à elle, serait responsable de la sensation de douleur. Ces deux premiers constituants de ce véritable venin sont enrichis, comme si cela ne suffisait pas, par l’acide formique (le même que celui que produisent les fourmis…) et bien d’autres composants (sérotonine, leucotriènes, etc.). Un sacré cocktail !

 

Le poil urticant fonctionne donc comme une seringue hermétique, qui, lorsque son embout est brisé, libère son contenu. 1/10ème de milligramme suffit à déclencher une réaction ! La sensation de brûlure peut persister de quelques minutes à 1 à 2 heures, mais elle peut être réactivée en contact avec de l’eau froide, en se lavant les mains par exemple.

Ensuite, le petit bouton terminal peut se reconstruire à partir du protoplasme (Constituant des cellules vivantes, formé du cytoplasme et du noyau) du poil… Et on recommence !

Il faut savoir aussi que la densité de ces poils urticants varie suivant l'espèce d'Ortie, la partie de la plante et le fait que la plante a ou non été coupée ou mangée régulièrement.

En effet, on note qu’une plante souvent broutée ou fauchée aura une densité de poils urticants plus importante.

Par exemple, la Grande Ortie rencontrée en sous-bois est souvent moins urticante. Elle a moins besoin de se protéger car elle n'est broutée qu'occasionnellement par du gibier de passage qui ne prélèvera que la partie supérieure tendre de la plante sans mettre l'existence de notre Amie en danger.

 

 

Voilà ! Maintenant, tu sais tout (ou presque) sur les poils... de l'Ortie évidemment. Mais, comment apaiser la brûlante morsure de l'Ortie ? C'est pour le prochain article

 

Herbalistiquement,